Page:Hamilton, Jay, Madison - Le Fédéraliste, 1902.djvu/119

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quelques rayons de gloire percent un moment ces ténèbres, ils ne nous éblouissent d'un éclat passager et incertain que pour nous faire déplorer avec plus d'amertume les vices d'un gouvernement qui a perverti la direction et terni l'éclat de ces talents brillants et de ces qualités héroïques qui ont valu une si juste célébrité à la terre qui les a produites.

Des désordres qui déshonorent les annales de ces Républiques, les partisans du despotisme ont tiré des arguments, non seulement contre la forme du gouvernement républicain, mais contre les principes mêmes de la liberté civile. Ils ont décrié tout gouvernement libre comme incompatible avec l'ordre social, et ont triomphé, avec une joie maligne, des amis et des partisans de la liberté. Heureusement pour l'humanité, d'étonnants édifices élevés sur la base de la liberté et consolidés par le temps, ont, par quelques glorieux exemples, réfuté leurs ténébreux sophismes. Et j'espère que l'Amérique, à son tour, verra s'élever d'aussi beaux et d'aussi durables monuments de leurs erreurs.

Mais on ne peut nier que les portraits qu'ils ont tracés du gouvernement républicain ne soient des copies trop fidèles des originaux qu'ils ont cherché à représenter. S'il avait été reconnu impossible de former des modèles plus parfaits, les amis de la liberté auraient été forcés d'abandonner comme désespérée la cause de cette forme de gouvernement. La science politique, ainsi que beaucoup d'autres, a fait de grands progrès. On connaît bien, aujourd'hui, l'efficacité des différents principes absolument ignorés ou imparfaitement connus des anciens. La distribution régulière des pouvoirs en départements séparés, l'introduction de contrepoids et de freins législatifs, l'institution de tribunaux composés de juges inamovibles, la représentation du peuple dans