Page:Hamilton, Jay, Madison - Le Fédéraliste, 1902.djvu/128

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toyens formant la majorité ou la minorité, unis et dirigés par un sentiment commun de passion ou d’intérêt, contraire aux droits des autres citoyens ou aux intérêts permanents et généraux de la communauté.

Il y a deux méthodes pour éviter les méfaits de la faction ; l’une est d’en prévenir les causes, l’autre d’en corriger les effets.

Il y a aussi deux méthodes pour prévenir les causes des factions ; la première est de détruire la liberté, essentielle à leur existence ; la seconde de donner à tous les citoyens les mêmes opinions, les mêmes passions et les mêmes intérêts.

Du premier remède, jamais il ne serait plus vrai de dire qu’il est pire que le mal. La liberté est à la faction ce que l’air est au feu, un aliment sans lequel elle expire instantanément ; mais il serait aussi fou de détruire la liberté, qui est essentielle à la vie politique, sous prétexte qu’elle entretient les factions, que de désirer la privation de l’air, qui est essentiel à la vie animale, sous prétexte qu’il donne au feu sa force destructive.

Le second moyen est aussi impraticable que le premier serait insensé. Tant que la raison de l’homme sera faillible, et que l’homme aura la faculté de l’exercer, il se formera des opinions divergentes ; tant qu’il y aura des rapports entre sa raison et son amour-propre, ses opinions et ses passions auront les unes sur les autres une influence réciproque, et celles-ci seront les objets auxquels celles-là s’attacheront.

La diversité dans les facultés des hommes, qui est l’origine des droits de propriété, n’en est pas moins un obstacle insurmontable à l’uniformité des intérêts. La protection de ces facultés est le premier objet du gouvernement. De la protection des facul-