Page:Hamilton - En Corée, esquisse historique.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

levant une émotion et un enthousiasme irrésistibles.

Les fascinantes figures approchaient doucement, d’un glissement égal ; et à mesure qu’elles s’avançaient en glissant lentement, la musique s’épanchait en une lamentation passionnée. Le caractère de la danse changea. N’avançant plus, les danseuses évoluaient à la cadence des tambours ; tournant en cercles de couleur, leurs bras se balançant, leur corps ondulant en avant et en arrière, elles disparurent en reculant peu à peu. Les petites personnes semblaient inconscientes de leur art ; les musiciens ignorants des qualités de leurs plaintives mélodies. Cependant la maîtrise de l’orchestre, la conception, le talent et l’exécution de la danse faisaient de tout cela un triomphe de technique.

Alors que la danse était à son apogée, rien ne montra mieux l’admiration des spectateurs que leur parfaite immobilité. Des cours parvint, à un certain moment, le bruit fait par les serviteurs et par le hennissement d’impatience des chevaux. Des regards menaçants réduisirent au silence les esclaves, et rien ne vint plus de longtemps rompre le magnétisme où la danse les plongeait. La danse finie, ce fut le tour des autres de répéter leurs rôles, pendant que les danseuses, libres à présent, s’étaient assises, causant avec le prince, mangeant des bonbons, fumant des cigarettes, des cigares, ou la longue pipe du pays. Beaucoup d’entre elles, défaisant leurs coiffures, s’étaient étendues sur leurs nattes, les yeux fermés en un instant de repos pendant que leurs domestiques les éventaient. Son Altesse appréciait visiblement la familiarité de leurs façons à son égard. Pour manifester le plaisir que lui causaient leurs espiègleries et les encourager, il leur prenait la joue et leur pinçait le bras, assis au milieu d’elles.