Page:Hamilton - En Corée, esquisse historique.djvu/126

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tablettes ancestrales, chacune portée par huit hommes sur des chaises de la couleur jaune des sacrifices, qui réclamaient l’hommage des deux personnages impériaux dans l’attente. L’une s’approcha, d’un mouvement lent, pendant qu’éclatait un chant solennel. L’empereur, le prince héritier son fils, et l’enfant princier, rejeton de Lady Om, tombèrent à terre. Ils demeurèrent pendant un moment les genoux fléchis, les bras croisés, dans une attitude de respect, leurs têtes fières inclinées dans la poussière devant les objets dorés reposant sur les chaises sacrées. Elles passèrent douze fois devant le groupe impérial, et douze fois chacun des princes s’humilia, le groupe des nobles de la suite et des serviteurs eunuques les assistant.

C’était la première apparition du petit prince. Encore trop petit pour marcher, il était nécessairement assisté dans ses dévotions par le chef des eunuques, qui le faisait s’agenouiller, lui posait la main sur la tête et sur l’épaule, pour le faire s’incliner. Le bébé suivait tout cela avec d’innocents yeux grands ouverts, gagné par la fatigue et par l’agitation avant que la cérémonie ne fût terminée. L’attitude de l’empereur et de son fils était empreinte de toutes les marques du respect et de la dévotion. L’absolue sincérité de leur humiliation remplissait d’étonnement les spectateurs de la scène. L’émotion de l’empereur était visible ; il avait pâli et tout son être était concentré sur les objets de sa vénération.

Lorsque la cérémonie fut terminée, les douze chaises se dirigèrent vers le Temple des Ancêtres et, pendant que l’empereur se replaçait dans sa chaise jaune de gala, et que le prince héritier, suivant l’exemple de son père, remontait sur son siège de soie rouge, le petit prince enfourcha le dos du chef des eunuques, en poussant des