Page:Hamilton - En Corée, esquisse historique.djvu/178

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par leur sentiment merveilleux du beau dans la nature. La simplicité de leurs remarques est délicieuse. On peut facilement s’apercevoir qu’ils sont plus sensibles au charme des fleurs et de la nature qu’à celui des femmes.

De loin en loin le cultivateur se paye un divertissement. Succombant aux tentations qu’offre le jour du marché, à la façon du cultivateur de tous les temps et de tous les pays, il revient à la maison ruiné au physique comme au moral, après s’être livré à l’ivresse et aux désordres qui sont la conséquence fatale de longs mois de morne privation et de bonne conduite. À ces moments-là, il fait preuve d’une énergie inattendue, emmenant de force quelque beauté du voisinage ou frappant un ami à la tête pour donner plus de force à ses arguments. À tous les points de vue possibles, il présente des qualités qui font de lui le simple, sinon l’idéal, enfant de la nature.

Pendant les nombreux mois de mon séjour en Corée, j’ai passé quelques jours dans une ferme au bord de la route, seul logement qu’on puisse trouver dans un village des montagnes. Le peu que je vis ainsi de l’existence des paysans était plein d’intérêt, de charme et de nouveauté. Au courant moi-même des vicissitudes de l’agriculture, je trouvai extrêmement instructif le travail quotidien de ce petit groupe. J’eus de nombreuses occasions d’observer la famille du fermier et ses voisins à l’ouvrage.

Leurs outils agricoles sont primitifs et peu nombreux : ils se composent d’une charrue, avec un fer mobile qui retourne les mottes dans le sens opposé de la nôtre ; d’une bêche, garnie de cordes et tirée par plusieurs hommes ; de fléaux et de râteaux en bambou, et d’une petite houe, tranchante et pesante, dont on se sert, selon les cas, pour moissonner, couper, ou sarcler, pour le