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Page:Hamilton - En Corée, esquisse historique.djvu/177

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cet ancien esprit dans les protestations périodiques qu’ils font entendre contre les extorsions des fonctionnaires locaux. Ces révoltes sont isolées et peu fréquentes, car depuis que furent écrasées leurs tendances à l’insoumission, les cultivateurs sont devenus les êtres doux et inoffensifs qu’ils sont aujourd’hui. Ils se soumettent à l’oppression et à la cruauté du yamen ; ils supportent toutes les taxes illégales, et ils se ruinent à payer le « pressurage », qui n’existe que grâce à leur humble patience. Ils redoutent l’arrogance des personnages de haut rang et les dehors de l’autorité. Leur crainte de la révolte est telle, que tout en murmurant contre les impôts du magistrat, ils n’en continuent pas moins à satisfaire à ses demandes.

De nos jours, le cultivateur coréen est le type de l’enfant de la nature ; superstitieux, simple, patient et ignorant. Il est l’esclave de sa tâche, et il ne sort de son village que pour aller au marché voisin. Il croit avec terreur à l’existence des démons, des esprits et des dragons, dont les caricatures sales et grotesques ornent sa chaumière. Il y a d’autres traits caractéristiques dans ce vaste département de la vie nationale. La puissance de travail du paysan est illimitée ; il reste rarement sans rien faire, et contrairement à la majorité de ses compatriotes, il n’a pas le sens du repos. Comme agriculteur, il possède par instinct et par tradition certaines idées et certains principes qui sont excellents en eux-mêmes. À l’égard du voyageur et de l’étranger, le cultivateur exerce l’hospitalité la plus large. L’étranger qui cause avec les paysans des particularités de la nature du pays, de leurs terres, et des détails de leur vie en général, est frappé par le respect profond qu’ils témoignent pour tout ce qui dépasse leur compréhension, et