Page:Hamilton - En Corée, esquisse historique.djvu/272

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C’était de bonne heure dans l’après-midi, mais la route en avant paraissait mauvaise et pierreuse, nos chevaux étaient fatigués, nous avions eu du mal à passer un gué, nous étions mouillés et nous avions froid et faim. Dans la campagne, les ombres s’épaississaient. Personne ne connaissait la situation du prochain village, ni la direction dans laquelle nous devions marcher, de sorte que nous fîmes halte pour la nuit. Nos chevaux étaient à l’attache dans un champ de blé, et les effets, les domestiques, les interprètes et les conducteurs gisaient pêle-mêle autour de nous. Nous dormîmes tranquillement au grondement sourd de la rivière. D’ailleurs, je crois bien que la meilleure heure du jour était celle où, rafraîchis par un bain dans un étang des montagnes, fortifiés par un léger repas, nous nous étendions sur nos lits de camp, et restions à fumer, à causer et à regarder les profondeurs sombres de la voûte au-dessus de nous. Il y avait quelque chose de profondément reposant dans ces longues veilles silencieuses. Le calme puissant des hauteurs voisines procurait un repos auquel s’ajoutaient insensiblement la brise nocturne, le murmure de l’eau courante et notre propre fatigue corporelle. Il était agréable d’entendre brouter les poneys ; de voir apparaître les étoiles et la lune se lever ; d’écouter la grenouille dans les herbes du marécage, et la voix lointaine d’un paysan, dont le chant s’élevait et s’abaissait parmi les sommets des montagnes, jusqu’à ne que tous ces bruits se fussent éteints et que le monde autour de nous, au-dessus et au-dessous, reposât en paix.