Page:Hamilton - En Corée, esquisse historique.djvu/282

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cris rauques déchiraient l’air, qui résonnait de bruits destinés à effrayer les bêtes ; un hurlement spasmodique s’élevait du fond de la vallée où un rabatteur isolé se livrait à un véritable accès de vociférations. Des clameurs éclataient au-dessus de nous, et les rocs de la vallée en renvoyaient les échos. De toutes parts, la vallée retentissait de l’effort des rabatteurs qui, grimpés au sommet des crêtes, redescendaient maintenant en chassant tout devant eux. Ils approchaient rapidement, rejoints par les chasseurs du pays, qui avaient pris position sur les rochers surplombant l’endroit où nous étions dissimulés. Notre heure arrivait. Chacun prit son fusil en main et redoubla d’attention pendant que les rabatteurs, faisant un dernier effort, poussaient d’assourdissantes clameurs. Nous regardâmes et nous attendîmes… jusqu’au moment où nous acquîmes la persuasion que l’ours avait depuis longtemps passé à travers la ligne de ceux qui le poursuivaient.

La chasse en général est considérée comme une occupation servile par les Coréens, et la poursuite du cerf, de l’ours et du tigre n’est pas un sport pratiqué par les jeunes gentilshommes du royaume. Les nobles, à l’exception de ceux qui appartiennent à des familles ruinées dans les provinces de l’extrême nord du royaume et de ceux qui sont réduits à ce passe-temps pour ajouter quelque chose à leurs ressources, ne s’y livrent jamais. La chasse est pourtant libre pour tous. Il n’existe aucune loi, ni interdiction de port d’armes, et il y a peu de réserves de gibier. La chasse dans tout le royaume n’est fermée à aucune époque de l’année. Le seul animal qu’il soit interdit de détruire est le faucon, que protègent les règlements les plus stricts. Les territoires de chasse sont presque entièrement limités aux districts montagneux, et