Page:Hamilton - En Corée, esquisse historique.djvu/304

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à l’intérieur. L’esprit de respect fait ici défaut. Le spectacle change brusquement.

Shin-ki est un petit monastère. Ses temples n’ont peut-être été jamais comparables en grâce et en beauté aux sanctuaires de Yu-chom-sa. Rien ne peut cependant excuser l’abandon et le désordre de ses cours, non plus que la malpropreté du temple. Il semble qu’il n’y ait rien de commun entre ce monastère et ceux de l’intérieur des montagnes. On cherche en vain l’élégante dignité du vieux supérieur de Yu-chom-sa, dont l’esprit humanitaire est si élevé. La distinction, la politesse et la dévotion qui dirigent la conduite de ce dernier, manquent absolument chez le supérieur, les prêtres et les moines attachés à Shin-ki-sa. Le contraste est violent. Il est extrêmement triste de constater le déclin de ces temples autrefois prospères. La colère et la douleur remplissent l’âme du spectateur. Lorsqu’on promène ses regards au delà du temple, sur la belle et calme vallée qu’il domine, c’est comme si, d’un lieu de désolation, on considérait un monde autre et meilleur. Le squelette du passé demeure seul et on appelle de tous ses vœux le pouvoir qui restaurera l’édifice en son ancien état.

Par sa situation, le monastère emprunte quelque chose de l’esprit de la nature. Si l’on peut trouver une compensation à sa décadence, il faut la chercher dans la sauvage beauté des montagnes abruptes qui s’élèvent de la vallée et qui le dominent. Les épreuves et les tribulations du monde extérieur s’arrêtent au large de leurs faces de granit ; une fois enfermé dans leur grise enceinte, les petites ironies de la vie disparaissent. Les heures s’écoulent fraîches et calmes. Des forêts primitives vêtent les brèches profondes de la chaîne ; un flot de couleur s’épand des larges espaces où poussent les fleurs sau-