Page:Hamilton - En Corée, esquisse historique.djvu/311

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au charme et à la fraîcheur du voyage. Le sentiment d’isolement, inséparable d’un voyage à travers des régions où la barrière des montagnes vous sépare du monde extérieur, disparaît aussitôt qu’on se trouve en contact avec l’océan et les navires qu’il porte. Très loin, sur l’immense étendue de la mer tranquille, on apercevait des bateaux de pêche, des jonques ; leur coque disparaissait à l’horizon et leurs voiles brunes s’enflaient par moments aux bouffées de la brise. Dans les bas-fonds, le long du rivage, des hommes bruns et nus pêchaient au filet des harengs et des éperlans, pendant que leurs enfants poursuivaient des crabes et, avec des cris de joie, plongeaient dans l’eau profonde à la recherche de leur proie.

Autour des cabanes, dans tous les petits villages groupés au bord de l’eau, les hommes dormaient au soleil. Pendant que leur seigneur et maître se reposait, les femmes raccommodaient les accrocs des filets, ou s’occupaient à construire les pièges grossiers à l’aide desquels leurs maris attrapent du poisson. L’aspect de ces villages le long de la baie n’était guère attrayant, et on ne pouvait les comparer aux villages de l’intérieur que nous avions traversés. Ils étaient sales, en ruines, mal tenus ; l’aspect des gens décelait une grande malpropreté. L’air était chargé de l’odeur du poisson séchant au soleil — odeur agréable en elle-même par son goût de sel marin — mais ici tellement mêlée aux relents des ordures et des tas de débris pourrissant au soleil, des poissons et des algues en décomposition, que l’odeur générale faisait mal au cœur. Les gens n’étaient ni curieux ni malveillants ; la plupart montraient de l’indifférence et nous offraient en vente des œufs frais, du poisson et des poulets. La baie, le long de ces villages,