Page:Hamilton - En Corée, esquisse historique.djvu/318

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Une preuve encore plus convaincante des effets néfastes de la sécheresse, là où la vie de la population dépend de la récolte du riz, est apportée par la famine de 1901 en Corée, qui fit un nombre effrayant de victimes et qui causa de graves désordres. Le pays fut frappé de ruine ; les districts de l’intérieur furent envahis par une populace désespérée. Des gens d’ordinaire pacifiques et respectueux de la loi se réunirent pour piller les campagnes, dans l’espoir de se procurer une nourriture suffisante pour ne pas mourir de faim, eux et leurs familles. La faim chassa des populations entières des villages vers les villes, où il n’y avait pas de provisions pour eux. L’anarchie régna dans tout le pays et la population fut poussée par le besoin à des résolutions désespérées. Une armée de mendiants envahit la capitale. Les rues de Séoul devinrent peu sûres à la tombée du jour ; des bandits se livrèrent ouvertement au pillage dans la province de Kyong-keui, où est située la capitale. D’une contrée tranquille et heureuse, ensoleillée et calme, la famine fit, en peu de mois, une terre de désolation où régnaient la misère, la pauvreté et le désordre.

Les moyens de secours étaient tout à fait insuffisants, et bien qu’on importât du riz, un grand nombre de gens, manquant d’argent pour en acheter, moururent de faim. L’absence d’une organisation efficace en présence de ces désastres augmenta la confusion. Avant qu’aucune disposition ait pu être prise en vue des secours, plusieurs milliers d’habitants moururent. Il y avait alors à Séoul 20.000 indigents sur une population qui n’atteignait pas tout à fait 200.000 âmes. Les nouvelles reçues des centres provinciaux signalaient que dans un grand nombre de districts ruraux régnait une absolue sauvagerie. La famine, la peste et la mort régnèrent sans