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Page:Hamilton - En Corée, esquisse historique.djvu/366

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du temple, dans le renfoncement à droite et à gauche du maître-autel, les murs étaient ornés d’images des Dix Juges. En dehors des lumières de l’autel, qui rendaient l’intérieur du temple encore plus sombre et plus fantomatique qu’à l’ordinaire, l’édifice était dans l’obscurité.

La cérémonie commença par l’invocation habituelle à Bouddha. Le supérieur frappa le sol avec une canne de bambou ; tous se prosternèrent, le visage courbé, le front touchant le plancher. Ils étendirent en avant les paumes de leurs mains dans une attitude de respect et d’humilité. En même temps ils entonnèrent un chant thibétain, accompagné par un gong de cuivre, que le supérieur frappait avec une baguette en corne. Toute l’assemblée, y compris les femmes, se prosterna de nouveau. Ces dernières restèrent, pendant la plus grande partie de la cérémonie, silencieusement et respectueusement accroupies dans leur coin. À la fin, le supérieur transporta les offrandes du maître-autel aux petits autels, où les prières recommencèrent. D’interminables invocations furent adressées aux images des Dix Juges, devant lesquelles se succédèrent les chants. L’un des prêtres exécuta une danse étonnante et grotesque, qui rappelait singulièrement la danse guerrière des Cafres ; il frappait le sol d’un pied, avec accompagnement d’un coup de cymbales, pendant qu’il levait l’autre en l’air. Un autre prêtre fit retentir la cloche fêlée, pendant qu’un troisième battait le tambour de coups lents et monotones.

La seule intention des prêtres semblait être, d’après ce que je pus comprendre de leur cérémonie, de rompre le silence solennel de la nuit par le plus étrange des charivaris. Par moments, au cours du dialogue peu musical entre les tambours, les cymbales et la grosse