Page:Hamilton - En Corée, esquisse historique.djvu/99

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parents pauvres font entreprendre à leurs filles le métier de gisaing, de même qu’ils préparent leurs fils à celui d’eunuque. Les jeunes filles sont choisies pour la parfaite régularité de leurs traits. Elles sont habituellement jolies, élégantes et fines. Il est à peu près certain que ce sont les plus jolies femmes de Corée, et bien que leur classe soit étendue et qu’elles viennent de toutes les parties du royaume, les gisaing les plus belles et les plus accomplies viennent de Pyöng-an. Les arts et les élégances dans lesquels elles ont été si soigneusement élevées, leur donnent dans la maison de leurs protecteurs une situation supérieure à celle qu’occupe la femme légitime. Comme conséquence, les légendes coréennes sont pleines d’histoires des différends et des plaintes conjugales auxquels donne lieu l’amour ardent et prolongé de maris pour des femmes auxquelles le destin les empêche de s’unir plus intimement. Les femmes sont de faible stature avec des pieds jolis et petits, et des mains bien faites et gracieuses. Elles sont tranquilles et sans prétention dans leurs manières. Leur sourire est éclatant, leur attitude modeste, leur aspect charmant. Elles portent dans les cérémonies officielles des jupes de gaze de soie de nuances variées ; une veste de soie diaphane, avec de longues manches amples dépassant les mains, protège leurs épaules ; une ceinture ornée de pierreries, pressant leurs seins nus, soutient leurs draperies. Elles portent une coiffure compliquée, lourde et artificielle, faite de cheveux noirs nattés et rehaussés de nombreux ornements d’argent. La musique accompagnant la danse est plaintive et le chant de la danseuse quelque peu mélancolique. Beaucoup de mouvements sont exécutés, le pied seulement recouvert d’un bas ; les danses sont absolument exemptes d’indécence et d’attitudes suggestives.