Page:Hamilton - En Corée, esquisse historique.djvu/100

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Certaines plaisent vraiment par leur curieux caractère.

À une occasion, Yi-cha-sun, le frère de l’empereur, m’invita à assister à la répétition en toilette d’une fête qui avait lieu prochainement au palais. Bien que cette faveur exceptionnelle me fût accordée spontanément, il me fut absolument impossible d’obtenir la permission de photographier les gracieuses figures glissantes des danseuses. Quand ma chaise me déposa au yamen, la danse était déjà commencée. Les chaises des fonctionnaires et les domestiques des danseuses, bavardant, remplissaient l’enceinte ; des soldats de la garde impériale étaient en faction devant les portes. L’air était rempli des notes tremblantes de la flûte et de la viole, dont les cris plaintifs étaient ponctués par le grondement du tambour. Dans un édifice, dont la muraille était percée d’ouvertures, on pouvait voir les groupes de danseuses qui se balançaient lentement et presque imperceptiblement avec la musique.

Du dais où mon hôte se tenait, la danse rayonnait de couleur. Les danseuses étaient au nombre de dix-huit, divisées en trois groupes égaux, et avec le soleil ruisselant qui se jouait à la surface brillante de leurs vêtements, les flexibles et gracieuses figures semblaient flotter dans le reflet d’une mer de lumière étincelante. La danse était presque dépourvue de mouvement, telle était la lenteur avec laquelle se développaient ses fantastiques figures. Pas un instant les petites danseuses ne cessèrent de garder les bras horizontaux, et ne parurent fatiguées de la dimension et de la lourdeur de leur coiffure. Très lentement, l’orchestre assis indiquait l’air. Et très lentement, les danseuses évoluaient dans l’espace libre devant nous, leurs bras levés, leurs draperies de gaze et de