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Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/104

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stallé dans le jardin clos de murs, faisait les préparatifs pour l’assaut du lendemain, des voiles nombreuses apparurent sur la mer. Il y eut un moment d’incertitude poignante chez les défenseurs de Saint-David et chez les Français. Bientôt des hourras retentirent dans le fort à la vue du pavillon qu’on hissait à la corne d’artimon des navires. C’étaient les couleurs d’Angleterre ! C’était l’escadre, si longtemps attendue, renforcée de deux vaisseaux, qui arrivait, sous le commandement de l’amiral Grifin. Paradis, forcé à la retraite, ramenait en toute hâte sa petite armée sous les remparts de Pondichéry.

Dupleix, malgré tous les prodiges qu’il venait d’accomplir, se retrouvait, et non par sa faute, encore une fois livré à ses propres ressources, bloqué par mer, menacé en flanc par des forces ennemies relativement considérables. Le fort Saint-David, avec les renforts reçus, comptait maintenant une garnison de neuf cent Européens et de cent dix indigènes. Pondichéry était exposé à un bombardement des vaisseaux anglais ; Madras avait une faible garnison. Le nabab pouvait affamer ces deux villes par un blocus à distance.

Fallait-il donc céder devant tous ces dangers ? C’était l’opinion du plus grand nombre. Les sages croyaient qu’on avait assez fait, qu’il n’y avait plus qu’à se défendre honnêtement et pour la forme. Dupleix était d’un avis contraire. Il voulait continuer la lutte, et avec plus d’énergie que jamais. Il garde l’espoir, parce qu’il voit mille ressources, qu’autour de lui personne ne devine. Il songe donc à reprendre l’offensive sur terre et sur mer.