Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/123

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trouverions-nous ? Ou nous serions restés neutres. Dans ce cas, Mousafer-Singue, uni aux Anglais, aurait eu une supériorité si marquée sur son rival Naser-Singue, que celui-ci eût été chassé du Dékan et la guerre terminée en moins de six mois. La domination des Anglais s’établissait à la cour d’Hyderabad. C’étaient eux qui régnaient dans le Dékan et dans le Carnate sous le nom de Mousafer-Singue. Ils auraient fini par nous chasser de l’Inde, car le soubab, ulcéré de notre refus d’alliance, nous aurait, à l’instigation des Anglais, déclaré la guerre. Notre défaite n’était pas douteuse, l’ennemi étant maître de toute la côte et du Dékan. Ou bien nous aurions méprisé l’alliance de Mousafer-Singue et pris parti pour Naser-Singue. C’eût été une faute colossale, après avoir refusé de secourir un souverain légitime, que de se ranger du côté de l’usurpateur. On n’en faisait pas moins la guerre, et dans quelles conditions ! après s’être retiré tous les avantages et les avoir de gaieté de cœur donnés à l’adversaire. Comment, en effet, résister aux Anglais et à Mousafer-Singue réunis ? Maîtres du Carnate, les alliés nous coupaient les vivres, et il nous fallait encore supporter l’effort de toutes les puissances de l’Inde, puisqu’en soutenant un prince mis au ban de l’empire, nous nous déclarions contre l’empereur lui-même. Mais les Anglais appuieraient-ils Mousafer-Singue ? Ce n’était pas douteux. Dupleix avait dans les mains une lettre de Saunders, le gouverneur de Madras, qui offrait à Mousafer-Singue deux mille hommes de troupe à chapeau, à la condition que le nabab donnerait à Anaverdikan le gouvernement de Pondichery, de Divy et de Saint-Thomé, et qu’il retirerait aux Français les terres entre