Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/128

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la côte. On connaissait à Pondichéry les intelligences qu’entretenait cet officier général avec Méhémet-Alikan. Chanda-Saïb, à toutes les objurgations de Dupleix, opposait la possibilité d’un débarquement des troupes anglaises, dont le résultat eût été de prendre à revers l’armée occupée au siège de Trichinapaly. Dupleix avait beau répéter et prouver que le gouverneur anglais de Madras ne laisserait point agir l’amiral, que chaque heure perdue éloignait d’une année la prise de Trichinapaly, cette ville où Chanda-Saïb devait avoir hâte de rentrer en vainqueur, après en être sorti comme prisonnier des Mahrattes, — il ne put triompher de l’entêtement des deux nababs, qui ne se décidèrent à marcher que le 1er novembre, après le départ de Boscawen.

Dupleix oublia aussitôt les soucis que la sottise de ses alliés lui avait causés ; il n’eut plus qu’une pensée : tout disposer pour le siège. Il avança aux deux princes cent mille roupies, leur donna un corps de 800 soldats français et de 300 africains, avec de l’artillerie de siège, sous le commandement de M. Duquesne. La victoire n’était pas douteuse ; il ne fallait que quelques jours d’une attaque bien conduite pour amener la chute de Trichinapaly.

Dupleix attendait donc assez tranquillement l’annonce de la capitulation de la dernière forteresse ennemie, quand il apprit que Chanda-Saïb et Mousafer-Singue, ayant gaspillé l’argent si généreusement avancé par lui, s’étaient, après avoir passé le Coleron, détournés de leur route, pour entreprendre le blocus de Tanjore, dans l’espoir de rançonner le rajah