Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/129

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de cette ville, dont les richesses étaient légendaires. Dupleix entra en fureur ; il écrivit à Chanda-Saïb pour le sommer de renoncer à l’entreprise sur Tanjore et de reprendre au plus vite la marche vers Trichinapaly. Ce fut en vain. La cupidité des nababs était allumée, au point de leur faire perdre la raison. Ils méprisaient les sages conseils de Dupleix et se laissaient amuser par le rajah, qui réclamait du secours auprès de Naser-Singue et des Anglais.

La comédie diplomatique dura six semaines, pendant lesquelles Dupleix ne cessa point, tout en montrant aux deux nababs le péril où ils s’étaient mis, de réclamer ou l’abandon du siège ou une attaque de vive force sur la cité. Lassé enfin, il donna à Duquesne l’ordre de prendre la place d’assaut. Cette opération, exécutée le 29 décembre, eut un plein succès, et le rajah effrayé consentit à signer un traité qui donnait à Mousafer-Singue et à Chanda-Saïb la somme de sept millions de roupies et à la Compagnie française un territoire près de Karikal avec une rente annuelle ; mais le rusé Tanjorien, instruit des préparatifs de Naser-Singue, retarda par tous les moyens possibles le payement de la rançon. Quand il eut la certitude de l’entrée de Naser-Singue dans le Carnate, il refusa d’exécuter le traité. Les troupes des deux prétendants, à la nouvelle de l’approche de Naser-Singue et des nombreux bataillons qui le suivaient, se débandèrent épouvantées. Mousafer-Singue et Chanda-Saïd parvinrent à Pondichéry, honteux, démoralisés, abaissés, n’ayant autour d’eux qu’un ramassis confus de traînards, uniquement protégés par le contingent