Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/137

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mirent en masse leur démission. Ils se retirèrent dans la nuit.

Le même jour, Naser-Singue avait reçu la lettre de Dupleix. Après en avoir pris lecture, il avait réuni les principaux seigneurs de son armée et leur avait soumis les propositions du gouverneur, en ne dissimulant pas sa joie, que tous les assistants partagèrent. On décidait de cesser les hostilités, quand la nouvelle de la révolte des officiers arriva à Naser-Singue. La conférence se dispersa pour courir aux armes.

D’Autheuil était dans le plus cruel embarras ; il n’avait autour de lui qu’une dizaine d’officiers restés fidèles. La démoralisation faisait de rapides progrès parmi les troupes, qu’on n’avait pu soustraire à l’influence des mutins. Il craignit de se voir abandonné du soldat et se décida à une prompte retraite. Il partit le 4 avril à deux heures du matin, après avoir informé Dupleix de son mouvement en arrière. Celui-ci aurait voulu qu’on restât en face de l’ennemi ; mais il était trop tard pour rien empêcher. « Que puis-je vous dire, lui écrivait-il, puisque ma lettre ne peut vous parvenir qu’en route ?… Tout ce que je vous demande, c’est de vous arrêter sur les terres de Villenour, qui sont à la Compagnie. Peut-être que les Anglais n’oseront pas venir vous y attaquer. »

Et parlant des mutins : « Il est surprenant qu’il se trouve des âmes aussi basses dans le monde. Faut-il que de mauvaises têtes soient la cause de la ruine de nos affaires ! » D’Autheuil opéra sa marche rétrograde dans un ordre parfait ; Chanda-Saïb s’établit à l’arrière-garde avec sa cavalerie et se distingua.

Aux premières lueurs du jour, d’Autheuil fut assailli