Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/150

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forteresse jugée inexpugnable, semblaient devoir défier toutes les attaques.

Le 11 septembre, Bussy arriva devant la ville avec deux cent cinquante Européens, quatre cents cipayes et quatre pièces de canon. La reconnaissance des défenses de l’ennemi, la force de la position, le nombre, les obstacles matériels, la difficulté de l’ascension ne refroidirent pas l’ardeur du jeune général. Persuadé de l’impossibilité d’un siège régulier, il voulait prendre la ville d’assaut. Il comptait sur son audace, son habileté, la bravoure de ses troupes, la pusillanimité de l’ennemi. Il y avait certes bien des chances de succès ; mais un revers était possible pourtant.

Nos troupes pouvaient être contraintes de s’arrêter devant une de ces barrières matérielles contre lesquelles l’énergie et le courage demeurent impuissants. Heureusement l’ennemi fit une faute colossale. Il quitta les hauteurs de Gingi, où il était si redoutable, pour descendre dans la plaine parsemée de villages où nous étions campés, et vint à notre rencontre dans un ordre de bataille des plus mauvais. La cavalerie était en tête ; l’infanterie suivait immédiatement. Comme d’habitude, le feu de nos canons dissipa rapidement les cavaliers hindous, qui, débandés, se rejetèrent sur l’infanterie et y mirent le désordre. La vivacité du feu, une charge à la baïonnette de Bussy, l’arrivée de d’Autheuil avec ses compagnies, amenèrent l’entière déroute de l’ennemi. Bussy, poussant les fuyards, l’épée dans les reins, gravit avec eux les pentes de la montagne et arriva en même temps qu’eux sous les remparts de la ville, malgré une grêle de balles et de boulets, qui partaient des créneaux