Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/149

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

taille de Tiravadi, dans son esprit, avait les conséquences les plus décisives pour notre domination ; elle amenait tout d’abord la chute de Gingi. Rien alors n’empêcherait plus la marche sur Arcate. On occuperait cette ville sans trop de peine, et Naser-Singue serait contraint ou de livrer une bataille perdue d’avance, ou de repasser les Gâths en fugitif, disputant sa vie à nos coureurs. Il étudiait donc les moyens de réduire Gingi, quand Bussy lui envoya tout un plan d’attaque contre cette ville. Dupleix accueillit ces ouvertures avec enthousiasme. Tout de suite il écrivit à d’Autheuil : « Bussy veut marcher sur Gingi ; cela rentre absolument dans mes idées ; il nous faut cette place. Bussy y tient, et puis peut-on refuser ce plaisir à Bussy ? Concertez-vous donc pour les détails de l’opération. Je fais fabriquer des échelles pour l’escalade. »

Gingi est perchée, comme un nid d’aigle, en haut d’un mamelon étroit et escarpé, dont les pentes abruptes, rocailleuses, rebuteraient le pied du montagnard le plus intrépide. À la crête de ces rochers, le rempart de la cité se profile sur le ciel et déroule la succession de ses tours et de ses créneaux, s’abaissant et se relevant suivant la configuration de ce plateau tourmenté, qui, à trois endroits distincts, forme des buttes élevées, commandant le terrain d’alentour. Des citadelles les couronnaient. La position de Gingi, c’était la clef d’Arcate, qu’elle prenait en flanc. La place était bien approvisionnée en munitions, en vivres, et fortement armée. Les débris de l’armée de Méhémet-Ali, se montant à environ dix mille hommes, s’y étaient réfugiés. Ces bataillons, dernier espoir du nabab, appuyés sur une