Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/154

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ou affoler Naser-Singue et l’amener à traiter, ou s’il résistait, le contraindre à une bataille dont le gain était sûr.

La déception de Dupleix fut grande, lorsqu’il apprit que d’Autheuil, surpris par les pluies, s’était arrêté à quelques milles en avant de la forteresse qu’il venait de quitter. D’Autheuil, très-brave sur le champ de combat, n’était pas doué de ce genre d’énergie qui triomphe des éléments. De véritables cataractes tombaient du ciel ; l’armée comptait déjà beaucoup de malades. Les chemins défoncés n’offraient que des obstacles au transport de l’artillerie et des convois. C’étaient autant d’excuses pour l’inertie, et le commandant des troupes françaises restait immobile, déclarant tous les jours qu’on n’y pouvait plus tenir, et qu’on serait obligé d’évacuer le lendemain l’endroit maudit où l’on campait. Dupleix le conjurait de faire l’impossible et d’aller de l’avant. D’Autheuil montrait la boue où ses troupes enfonçaient. Les menaces de Dupleix, qui adoucissait par tous les moyens possibles les souffrances du soldat, ses caresses, ses éloges, ses appels au patriotisme ne purent vaincre l’abattement du général. « Les maladies dont vous me parlez, écrivait Dupleix, m’annoncent ce que j’ai toujours craint, que vos peines et mes inquiétudes n’aboutissent à rien. Je voudrais, je vous le jure, vous voir tous rentrés et paisibles dans vos maisons. Je n’apprends vos incommodités qu’avec peine et voudrais vous les épargner.

« Mais pensez-vous que cette raison soit suffisante pour tout abandonner ? Les longs séjours à Tiravadi, à Gingi, les pluies ! je connais le Maure ; il ne lui faut pas da-