pensée, qu’aucun piège ne se dissimulait derrière la démarche des nababs. En admettant qu’il y en eût, que risquait-on ? que les deux généraux ne remplissent pas leurs promesses ? alors les choses étaient comme avant. Il y avait comme un souffle de trahison dans l’armée de Naser-Singue. Le grand maître de l’artillerie hindoue, lui aussi, écrivait à Dupleix pour lui annoncer qu’à notre approche il tournerait ses canons contre le soubab. Les réflexions de Dupleix furent courtes ; évidemment il fallait profiter d’offres aussi importantes. Le messager des nababs de Canoul et de Cadapa repartit bientôt après, emportant mystérieusement le pavillon français si instamment réclamé et les encouragements de Dupleix. Rien ne transpira de toute cette intrigue. D’Autheuil et La Touche en furent seuls informés.
Cependant les inquiétudes et les hésitations de Naser-Singue augmentaient. Il proposa, en plein divan, de se retirer au delà des monts à cause des pluies ; mais les conjurés, dont cette retraite détruisait les projets de vengeance, se récrièrent et soutinrent que reculer était désastreux ; il n’y avait selon eux que deux partis à prendre, ou attendre les événements en restant sur les positions qu’on occupait, ou marcher au-devant des Français. En entendant ces paroles belliqueuses, Naser-Singue baissa la tête comme un homme accablé et ne répondit pas. Les travaux et les fatigues de la guerre lui étaient insupportables ; il eût voulu être dans son palais d’Arcate, au milieu des plaisirs et des fêtes ; mais son amour-propre était en lutte contre ses penchants. Il craignait de se voir accuser de poltron-