Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/167

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et de régner sur Golconde et le Dékan, il voulait Aurungabad ; mais réduit à ses seules forces, il ne pouvait rien entreprendre. Il eût été à la merci de la première révolte, et elle était inévitable. Mousafer-Singue n’avait pas d’illusion sur la fidélité des seigneurs ralliés à sa cause, et savait qu’il ne devait leur soumission qu’à la terreur inspirée par les armes françaises. Retenir autour de lui les bataillons français pour s’en servir comme d’une garde, était donc pour le soubab une nécessité inexorable. Il le déclara à Dupleix, et comme il craignait un refus, il n’épargna ni supplications ni promesses pour amener le gouverneur à ses vues.

Rien ne servait mieux les projets de Dupleix, qui considérait comme le principe de sa politique d’avoir près du souverain du Dékan des troupes pour protéger celui-ci, en le maintenant dans la fidélité, et un représentant pour donner des ordres, sous forme de conseils. Cependant Dupleix montra une certaine froideur, demanda à réfléchir, fit des objections.

Pour une pareille expédition il fallait des soldats éprouvés et un général qui unirait les qualités d’un stratège à la clairvoyance d’un politique. Il ne pouvait confier cette mission qu’au vainqueur de Gingi, à Bussy et à ses troupes. Or, le moment était-il opportun pour se priver de tels auxiliaires ? N’avait-on plus d’ennemi dans le Carnate ? Méhémet-Ali était vaincu, mais vivant. Après le désastre et la mort de Naser-Singue, l’héritier d’Anaverdikan s’était enfui à Trichinapaly : il s’y tenait renfermé, dans l’isolement de la défaite. Les Anglais avaient-ils des velléités de l’appuyer ? Étaient-ils en état de fomenter de nouveaux troubles ? Ils parais-