Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/168

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saient avoir abandonné le fugitif d’Ambour, il est vrai ; eux-mêmes donnaient des signes visibles de découragement. Mais tant que Méhémet-Ali serait en possession de Trichinapaly, il y aurait un danger pour la France et ses alliés. On ne pouvait le laisser maître d’une citadelle aussi importante. Pour la prendre, il fallait un siège, et si le siège durait, que de complications pouvaient surgir ! Si les Anglais prêtaient secours au nabab dépossédé, si d’anciens partisans de Naser-Singue se prononçaient pour le prince qui avait combattu aux côtés de leur ancien maître ? Dans ces conditions, songer à la conquête d’Aurungabad était de la dernière imprudence. Il fallait, avant de tenter des opérations dans le Dékan, être sûr du Carnate.

La résistance de Dupleix enflamma l’ambition de Mousafer-Singue. Il offrit des avantages plus considérables encore. Tous les tributs de la province d’Arcate, au lieu d’être versés à Golconde, seraient payés à Pondichéry, où ils serviraient de caution à la fidélité du soubab. Dupleix nommerait les gouverneurs de toutes les villes du Carnate.

Les choses en étaient là, quand Méhémet-Ali fit parvenir des propositions de paix à Pondichéry. « Il offrait de reconnaître Chanda-Saïb comme nabab du Carnate, de lui remettre Trichinapaly et ses dépendances, à condition qu’il serait mis en possession des trésors laissés par son père, qu’aucune enquête ne serait faite sur son administration, enfin que le soubab s’engagerait à lui donner un autre gouvernement dans le Dékan. » Il paraissait sincère ; ses lettres portaient la marque du découragement ; ses désirs pacifiques