Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/183

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Des acclamations enthousiastes accueillirent les paroles de Kerjean, et toute la noblesse du Dékan se précipita vers le nouveau soubab pour lui jurer fidélité.

Ainsi, la révolution qui venait de s’accomplir n’avait eu d’autre effet que de démontrer d’une façon éclatante l’ascendant pris par Dupleix sur les Hindous. La politique du gouverneur sortait triomphante de l’épreuve, plus forte que jamais.

Avant de reprendre la marche vers le Dékan, Bussy résolut de s’emparer de Canoul, ville forte, qui constituait l’apanage du nabab, tombé sous le sabre de Mousafer-Singue, dans le combat où ce prince avait trouvé la mort. La place commandait la route de Pondichéry à Hyderabad ; il eût été de la dernière imprudence de laisser aux mains de peuplades ennemies une forteresse si gênante pour nos communications. L’armée prit donc position devant Canoul. Salabet-Singue, en véritable Hindou, essaya d’en corrompre les défenseurs et envoya des officiers chargés de conclure le marché. On lui jeta leurs têtes pour toute réponse. Un moment, le nabab craignit de se voir arrêté pendant des mois devant ces remparts, dont la hauteur l’intimidait. Bussy le rassura. Il promit à Salabet-Singue, qui l’écoutait en souriant d’un air de doute, que le soir venu, les Français seraient maîtres de la ville et du château.

Kerjean eut la mission de reconnaître la place. Il vit que la muraille, à la suite d’un débordement du fleuve, s’était écroulée en partie sur un espace de vingt toises ; à la rigueur, on pouvait passer. Les Français se formèrent en colonne, franchirent le fossé et entrèrent dans la ville, chassant devant eux les bandes ennemies, qui