Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/187

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

résultat fut tel qu’on pouvait le prévoir ; il n’y avait ni excès de boisson chez les soldats, ni querelles, ni rixes avec les habitants de la ville. » Bussy ne tolérait aucune maraude. Campant un jour près d’un jardin, il fit défendre aux soldats et aux cipayes de toucher aux fruits de ce verger. Un grenadier, enfreignant l’ordre, cueillit une orange. Le jardinier vint se plaindre au général. Bussy l’écouta attentivement et lui promit justice. Séance tenante, il fit venir le coupable, et après une verte semonce, le condamna à payer cent roupies au propriétaire de l’orange volée. « La conduite des Français fut si exemplaire que les indigènes en vinrent rapidement à les admirer pour leur courtoisie autant qu’ils les avaient craints et estimés pour leur valeur. Les marchandises les plus précieuses étaient journellement placées sous la protection des soldats français. »

Bussy gardait vis-à-vis du soubab une attitude aussi habile que vis-à-vis des habitants ; il enveloppait très-adroitement les ordres sous la forme d’un conseil et s’arrangeait de façon que les résolutions qu’il suggérait et qu’il était décidé à imposer, n’eussent jamais l’air d’être le résultat de la contrainte. Bussy était véritablement l’esprit qui dominait le Dékan ; le soubab n’était que l’instrument de ses volontés. Le général avait le droit d’écrire à Dupleix : « Il faut soutenir la réputation de nos armes. Si vous m’envoyez des renforts, l’empereur lui-même tremblera au nom de Dupleix. » Il lui était permis d’être fier : « La France ne comptait-elle pas désormais au nombre de ses vassaux de très-grands seigneurs et plusieurs têtes couronnées ? »