Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/188

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Dupleix, quoiqu’il fût de fait le nabab du Carnate et que Chanda-Saïb ne fût que son second, sentait la nécessité d’être investi d’un mandat régulier et officiel, pour exercer l’autorité suprême s’il en était besoin et quand il le voudrait. Il chargeait donc Bussy de négocier cette affaire avec Salabet-Singue. C’était une mission assez délicate à remplir. Le général réussissait pourtant à la mener à bien, mais non sans peines et sans ennuis.

« L’affaire du Carnate vient d’être terminée, écrivait-il, le 13 octobre 1751, au gouverneur. Je vous avais promis sur ma tête de vous faire nabab de cette contrée, la voilà dégagée. Le Divan m’en a promis le paravana en votre nom, et après vous, à la nation française… On a envoyé cent mille roupies à Delhy pour les présents nécessaires, afin d’avoir la confirmation de cette cour… Je crois qu’il convient à la réception du paravana que vous fassiez venir Chanda-Saïb père et fils et leur dire : Soyez les bienvenus, restez tranquilles, je suis nabab du Carnate, et prendre à votre compte toutes les troupes. » Dupleix, une fois le paravana entre ses mains, ne le rendit pas public ; il le garda comme une arme contre des circonstances imprévues dans l’avenir.

C’est le moment où Bussy suit minutieusement les instructions de Dupleix ; il n’éprouve aucun doute, aucune timidité ; il est comme une incarnation de son chef, qu’il imite en tous points. Il ne néglige rien pour frapper et éblouir l’imagination orientale des peuples parmi lesquels il vit. Il copie le faste et l’ostentation du gouverneur de Pondichéry. Comme