Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/190

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de rompre, du poitrail de ses chevaux, la poignée d’étrangers qui se serraient autour du soubab. Il se proposait d’envahir les provinces limitrophes de ses États, de les piller d’abord, de les garder ensuite. À la tête de près de cent mille cavaliers, il entra dans le Dékan entre Ahmed-Nagar et Beder.

La nouvelle de cette incursion affola Salabet-Singue. Les prouesses des Mahrattes inspiraient une universelle terreur. Il ne savait plus s’il fallait implorer la paix, quitter Aurungabad, marcher à l’ennemi, fuir ou résister ; tous les courtisans tremblaient. Il appela Bussy à son secours. Celui-ci, avec l’air tranquille d’un homme qui a la certitude du succès final, rassura tout le monde. « Ne vous inquiétez pas, dit-il, de l’armée qui envahit ; j’ai le moyen de préserver le Dékan, c’est de marcher sur Pounah, la capitale des Mahrattes. Vous avez vu les Français à l’œuvre sur les champs de bataille. Vous connaissez leur valeur ; ils vaincront facilement de misérables pillards comme les Mahrattes. Mes soldats sont prêts, mes canons attelés ; il faut agir sans retard. » Grâce à l’activité de Bussy, on réunit sans trop perdre de temps une armée d’un effectif très-fort, mais d’une qualité détestable. Cette multitude, qui était comme une ville ambulante, ne se mouvait qu’avec une lenteur et une apathie qui désespéraient les officiers français, dont l’énergie et l’activité restaient impuissantes. On atteignit enfin Ahmed-Naggar ; Bussy fit déposer les bagages du soubab dans cette ville, située à environ vingt lieues de Pounah, au milieu d’une vaste plaine, légèrement ondulée, coupée de nombreux cours d’eau, ceinte de montagnes boisées. Les Mahrattes étaient proches. En