restèrent seuls sur le champ de bataille, abandonné des Mahrattes et des Hindous. Bussy n’était plus qu’à vingt milles de Pounah. La prise de cette ville était certaine ; mais il n’entrait pas dans les plans du hardi général de faire des conquêtes sur les Mahrattes. Les garder était plus que problématique, et ce qui était certain, c’est qu’il faudrait les défendre au prix des plus grands sacrifices.
Il y avait un parti à prendre, plus sage, qui assurait des avantages précieux pour l’avenir : c’était de ne pas abuser de la victoire, de traiter généreusement le vaincu. Qui sait si l’on n’en ferait pas un allié plus tard ? Dans ses lettres, Dupleix conseillait cette politique au moment même où Bussy la proposait. Le vainqueur des Mahrattes conclut un armistice avec le Peishwa, dans les premiers mois de l’année 1752. Balladgi-Rao était dompté ; il n’y avait plus qu’à laisser faire au temps.
Dupleix était au faîte de la puissance. Il régnait sur le Carnate, dont il était nabab. L’immense Dékan lui obéissait. « Le pouvoir moral de Dupleix s’étendait sur les royaumes de Maïssour, Tanjore, Madura, Tinivelly. S’il n’était pas le souverain titulaire de toutes ces villes, c’est qu’un des principes de sa politique était de toujours se tenir au second plan et de gouverner par les princes du pays. » L’ère des dangers paraissait close. Les Anglais étaient bien encore là ; mais, sans prestige, vaincus sur les champs de bataille où ils s’étaient montrés, ils semblaient à tout jamais avoir perdu le pouvoir de contre-balancer l’influence française. Méhémet-Ali n’était pas soumis ; mais il n’avait plus qu’une ville et une poignée d’hom-