Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/205

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voulait rien risquer. Il comptait manœuvrer, et tout en donnant des inquiétudes perpétuelles à l’ennemi, en lui laissant toujours espérer la possibilité d’un combat décisif, ne jamais se laisser joindre. En un mot, il croyait que l’art, dans cette campagne, était d’amuser Clive et de le retenir loin de la ville assiégée, sur la ligne Saint-David, Madras, Arcate, jusqu’au jour où la famine et le découragement nous auraient livré Trichinapaly.

Rajah-Sahib et le commandant du contingent français se conformèrent d’abord aux instructions de Dupleix. Leur approche excita à Madras une panique. Clive, suspendant tous ses préparatifs, sortit de Saint-David en hâte, comptant en finir rapidement avec cette armée, dont la venue bouleversait ses plans. Les généraux de Dupleix abandonnèrent les environs de Madras et esquissèrent un mouvement offensif sur Arcate, entraînant à leur suite Clive, qui, malgré tous ses efforts, ne réussissait pas à leur gagner une marche. Ils le paralysaient ainsi depuis assez longtemps, et ils ne pouvaient plus avoir de doute sur la valeur de la tactique pratiquée, quand ils s’arrêtèrent tout à coup et occupèrent la forte position de Covrebauk, avec la résolution d’y livrer un combat défensif. Clive parut bientôt, et quoique un peu inquiét à la vue de l’attitude de l’ennemi, n’en donna pas moins le signal de l’attaque. La victoire pencha d’abord pour les Français. Leur artillerie, très-bien placée, écrasait littéralement les Anglais, dont la retraite semblait imminente, lorsque Clive réussit à tourner le camp ennemi. Pris entre deux feux, les Français lâchèrent pied, en abandonnant leurs canons. Le vainqueur reprit aussitôt le chemin du fort