Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/206

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Saint-David pour mettre en mouvement le convoi destiné à secourir Trichinapaly. Mû, lui aussi, par un sentiment politique, il rasa en passant la ville que Dupleix faisait élever sur le lieu témoin de la mort de Naser-Singue.

Ainsi, par la faute de ses généraux, Dupleix perdait tout le fruit de ses efforts. Il n’y avait plus moyen de tenir la campagne, de couvrir l’armée occupée au blocus. Celle-ci allait supporter le fardeau de la guerre ; et au moment critique où toutes les opérations se trouvaient forcément reportées devant Trichinapaly, Dupleix croyait de moins en moins à la capacité de Law, qui se laissait assiéger dans son camp par des bandes de Mahrattes, alors qu’en jetant en avant quelques partis de cavalerie, il aurait débarrassé les chemins ; qui enfin, dans la situation où l’on se débattait, demandait un congé pour aller à Pondichéry assister aux couches de sa femme, et s’étonnait en recevant cette réponse de Dupleix :

« Je croyais que vous n’étiez pas homme à vous prêter aux idées d’une femme… Les maris fuient ordinairement ces sortes de scènes, qui sont fort dégoûtantes… Vous choisissez le moment le plus critique qui fut jamais et qui doit décider du sort de Trichinapaly. Si vous continuez dans ce sentiment, vous perdez dans le moment tout le mérite que vous avez acquis jusqu’à présent. Faites vos réflexions là-dessus ; vous êtes d’âge à les faire ou jamais. Je serais aussi bien mortifié de chanter la palinodie sur vous, comme je l’ai fait pour tant d’autres. » Il eût dû lui retirer le commandement, mais par qui le remplacer ? Il n’avait per-