Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/213

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Dalton, s’écarta dans l’obscurité de la nuit et se vit avec terreur, au lever du soleil, sous les canons du Rocher français.

La fortune offrait à Law l’occasion de tout réparer. Rien n’était plus facile que de détruire le corps anglais, pris dans un angle rentrant de nos lignes ; il n’y avait qu’à prononcer sur l’infanterie de Dalton un mouvement de flanc et de tête, pendant que la cavalerie en chargerait les derrières. On avait assez de monde sous la main ; il n’y avait qu’à donner l’ordre de sortir. Law ne le donna pas. Il laissa les Anglais effectuer tranquillement leur retraite, et crut avoir échappé par miracle au plus formidable péril.

Avec un air accablé, il commanda de lever le camp et de prendre position dans l’île de Sheringam. Chanda-Saïb arriva au quartier général juste au moment où l’évacuation commençait. Il supplia Law de suspendre un mouvement si dangereux ; il lui répéta tous les arguments de Dupleix, il lui remontra que rien n’était plus favorable aux Anglais que cet abandon volontaire d’un système de retranchements dont la force défiait toute attaque ; que rien n’était désespéré ; le convoi était entré à Trichinapaly, il est vrai, mais l’armée française n’avait pas subi une défaite ; elle était intacte, encore supérieure en nombre à l’ennemi, qui n’avait pas la prétention de combattre dans leurs lignes des troupes éprouvées ; que la seule chose à faire, c’était de s’accrocher, pour ainsi dire, au terrain où l’on était ; qu’enfin on ne pouvait pas battre ainsi en retraite, sans combat ; qu’il valait mieux s’exposer à la défaite et à la mort, que de se retirer dans une île où l’on passait de l’action