Bussy était réduit à user d’expédients pour faire vivre ses soldats. Pour échapper à toutes ces difficultés, à tous ces ennemis, il était prêt à sacrifier, sans le savoir, sa réputation et l’intérêt de la France.
La première impression de Dupleix, en lisant les dépêches de son ami, fut un mélange de colère et de douleur. Le découragement de Bussy était pour le gouverneur plus effrayant que l’invasion de Gazendi-Kan elle-même. Dupleix était sûr que les grenadiers du Dékan, éprouvés par tant de victoires, dissiperaient la multitude que le prétendant traînait derrière lui. Mais pour triompher il fallait se battre, et Bussy pensait à organiser la retraite.
Dupleix, qui connaissait à fond le caractère du général, vit qu’il fallait l’encourager, le raffermir en lui montrant toutes les ressources dont on disposait, pour surmonter le péril qui se dressait ainsi tout à coup, enfin et surtout lui donner des ordres. On pouvait alors être tranquille. En face d’injonctions précises, le vainqueur de Gingy reprendrait sa lucidité d’esprit ordinaire et exécuterait énergiquement et merveilleusement les instructions qu’on lui donnait.
Dupleix mit en route les trois cents hommes désignés pour renforcer le corps d’Arungabad et expédia à Bussy, par des dromadaires, la lettre suivante : « … La retraite du nabab à Pondichéry nous couvrirait de honte, la retraite à Mazulipatam serait plus convenable. Mais même ce parti-là ne doit être pris qu’à la dernière extrémité ; et, avec l’aide du Seigneur, vous n’y serez pas réduit. Les secours reçus par vous vous feront perdre cette idée de retraite. Soyez persuadé que