Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/25

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d’embarquer, en 1715, son fils sur un navire de la Compagnie des Indes orientales.

Le jeune homme fit alors plusieurs voyages aux Indes et en Amérique ; cette vie nouvelle lui fut salutaire ; il était délivré de l’oppression. Il acquit de fortes notions sur le commerce et la marine, et au retour, par sa science, il étonna et charma tout le monde, jusqu’à son père. Le bonhomme, qui au fond l’aimait à sa manière, sollicita « pour le prodigue » et obtint en 1720 de la Compagnie des Indes, dont il était un des gros actionnaires, le poste de membre du conseil supérieur et de commissaire des guerres. Titre pompeux avec des émoluments modestes ! Quoiqu’on fût au plus fort du paroxysme de la fièvre du jeu que Law, avec son système, avait allumée en France, le père de Dupleix, tout enthousiasmé qu’il était de son fils, équipait celui-ci avec une économie toute spartiate, refusant de lui acheter des chemises de toile fine, « pareille prodigalité étant tout à fait hors de saison à la mer ».

Au moment de l’arrivée de Dupleix à Pondichéry, Lenoir était gouverneur de cette ville. C’était un vieux négociant, bon, affable, plein de sagacité, fort au courant des affaires de l’Inde. Avec son expérience des hommes, il jugea vite l’intelligence et la force d’âme de la recrue que le hasard lui envoyait. Il se prend d’affection pour Dupleix, il le fait travailler, il lui remet les registres du conseil supérieur, lui donnant ainsi le moyen le plus sûr d’arriver rapidement à la connaissance des opérations de la Compagnie ; il l’aide enfin de ses conseils, de son expérience pour la solution des questions obscures, si bien qu’au bout de quel-