Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/272

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Le premier soin de Bussy fut de donner ses ordres pour opérer une concentration de l’armée. Il rappela tous les détachements que Goupil avait si imprudemment dispersés, leur ordonna de rejoindre immédiatement le gros de l’armée devant Hyderabad et se mit aussitôt en route. Dès qu’il fut au milieu des troupes, on sentit renaître la confiance. Il rétablit la discipline et marcha sur Hyderabad. Le gouverneur de cette ville, effrayé, consentit à payer l’arriéré de la solde.

Au milieu du danger, Bussy se sentait fort. Il avait oublié tous ses découragements, et, loin de penser à la retraite, il était uniquement préoccupé d’établir sa domination sur des bases inébranlables. Il résolut de marcher sur Aurungabad pour mettre fin aux trahisons en brisant les traîtres. Il voulait reprendre la personne du nabab et se faire céder un groupe de provinces dont les revenus serviraient à l’entretien des troupes. Dupleix louait son ami d’une idée si politique et l’exhortait à terminer au plus vite.

L’entreprise était audacieuse et difficile. Il fallait parcourir près de sept cents kilomètres avant d’atteindre Aurungabad[1], « et on ne pouvait savoir ce que tenterait Saïd-Lasker-Kan, qui avait en main toutes les ressources des provinces. Il pouvait arriver que cette poignée de Français eût à se frayer par les armes sa route jusqu’à Aurungabad, entourée d’ennemis et n’ayant pour toute aide que sa bravoure et la capacité de son commandant. » Prudemment Bussy, pour protéger ses derrières, avoir un point d’appui en cas de revers et tenir

  1. Malleson, Les Français dans l’Inde.