Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/279

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Dupleix avait dit à Maissin, en le quittant : « Ce que j’attends de vous, ce n’est pas du brillant, mais du solide. Avec des troupes comme les nôtres, il faut être prudent. Nous ne pouvons pas être Annibal, tachons d’être Fabius. Oublions pour le moment les grandes opérations, et contentons-nous d’une guerre de chicanes. Notre rôle doit se borner à harceler l’ennemi, à le fatiguer. Il faut attaquer et disperser ses convois, pour affamer Tiravadi. Avec cette tactique, nous referons des soldats, et alors, mais alors seulement, nous tenterons l’attaque de Trichinapaly, qui reste le but suprême de nos efforts. »

Maissin consacra toute son intelligence à exécuter ces ordres. Il surveillait d’un œil vigilant la route qui conduit du fort Saint-David à Tiravadi. Dès qu’il voyait un nuage de poussière s’élever sur le chemin, il donnait à ses Mahrattes l’ordre de tenir les chevaux prêts. Le convoi reconnu, il le chargeait aussitôt avec ses cavaliers, dont l’élan jetait le désordre dans cette multitude de bêtes de somme, de chariots, de coolies, qui constituent une caravane indienne.

L’arrivée subite d’une colonne d’infanterie européenne, sortie en hâte des retranchements, achevait l’œuvre en écrasant l’escorte. On conduisait au camp les approvisionnements qu’on pouvait amener. On brûlait le reste. Ces escarmouches, fréquemment répétées, enhardissaient le soldat. Méhémet-Ali, qui s’était cru en sûreté dans Tiravadi, prit peur et montra des dispositions à la fuite. Les Anglais se virent bientôt réduits à ne plus tenter aucun transport, sans le protéger par un déploiement de forces relativement considérables.