Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/284

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tuler, comme beaucoup d’autres eussent été tentés de faire, stoïquement il s’affermit dans sa volonté de remplir son devoir et de combattre jusqu’au bout.

Alors s’engagea entre les deux généraux un duel tragique, aux péripéties mouvementées et sanglantes. Par une coïncidence remarquable, tous les deux obéirent aux applications opposées d’une même loi stratégique. Astruc voulait chasser Lawrence du terrain environnant la forteresse, le forcer à s’enfermer dans l’enceinte des remparts ; Lawrence au contraire, avec une intuition claire des principes de la défense, refusait de se laisser acculer ; regardant la place comme un point d’appui et non comme un abri, il voulait tenir la campagne, rayonner dans toutes les directions, éloigner enfin autant qu’il pourrait l’ennemi des ces murs qu’il s’était donné la mission de sauvegarder.

Dupleix remontrait à Astruc la nécessité de sortir promptement de Sheringam et de réoccuper les anciennes positions de Law devant la ville. Il lui indiquait les Cinq Rocs et le Rocher d’Or, comme les clefs mêmes de Trichinapaly. Astruc, qui pensait comme le gouverneur, laissant à Sheringam une garnison suffisante, contourna la ville dans une marche de flanc et s’empara facilement des Cinq Rocs, dont Lawrence, par une négligence inexplicable, avait confié la garde à quelques cipayes. Fidèle au système de retranchement, que Dupleix entendait voir suivi par ses généraux, Astruc, en hâte, couvrit de tranchées et de parapets la base et les flancs de la montagne. Ce travail se fit si promptement qu’il était achevé lorsque Lawrence tenta le lendemain de reprendre la hauteur, dont la possession