Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/286

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attaque de front. Il veut cependant en rester le maître. Le désespoir lui suggère une résolution décisive, c’est de tourner la ligne française. Il détache un corps de grenadiers et de cipayes, leur donne l’ordre de prendre la colline à revers, d’en gravir l’escarpement en silence, de charger vigoureusement les Français qui couronnent le plateau, de les rompre, de les rejeter sur l’armée d’Astruc, rangée en bataille à gauche de la hauteur, et de couvrir de feux ces dernières troupes. Lui-même attaquera de front et marchera sur les Français avec le reste des grenadiers et des cipayes.

D’Astruc reçut vigoureusement Lawrence. Quand il le vit à cinquante pas, il ordonna aux cavaliers mahrattes et maïssouriens de charger l’ennemi en queue et en flanc. Les escadrons s’ébranlaient, quand de violentes décharges retentirent à la droite des Français, qu’Astruc croyait la plus forte, puisqu’elle était appuyée sur la colline même. C’était le corps détaché par Lawrence, dont le mouvement tournant avait réussi. En un moment, la confusion se mit dans les rangs de l’armée assiégeante. Une charge à la baïonnette porta la panique au comble. Les soldats français, sourds à la voix de leurs officiers, qui firent tous les efforts pour rallier leurs hommes, méconnaissant l’autorité d’Astruc qui se jeta au milieu des fuyards pour les ramener au combat, s’enfuirent du champ de bataille. Morari-Rao et ses Mahrattes couvrirent la retraite. « Ces célèbres cavaliers s’acquittèrent de ce soin avec leur bravoure habituelle. Ils cherchèrent même à disputer le champ de bataille aux Anglais, lorsque Lawrence reprit sa position avec les trophées de la journée, deux canons