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Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/315

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— son honneur y était intéressé, — et il n’en trouvait pas ! Le souvenir de la grandeur d’âme de Dupleix se soumettant avec simplicité aux injonctions du roi lui était odieux. Il eût préféré le voir en révolte ouverte contre le cabinet de Versailles ; c’eût été une occasion pour le commissaire de la Compagnie de déployer de l’énergie et de se faire une réputation ; mais l’attitude de Dupleix ne permettait pas l’emploi de la force ; Godeheu chercha alors s’il n’y avait pas autour de l’ex-gouverneur quelque homme de confiance, qu’on pourrait intimider et faire parler.

« Je n’ai point d’ordre de le punir de son imprudence, disait-il dans son journal, et je ne puis, après qu’il m’a assuré de son impuissance, attribuer l’état dans lequel je me trouve à sa mauvaise volonté… Je tirerai peut-être meilleur parti de Papiapoulé, dont je suis le maître. » Papiapoulé était le receveur des taxes du Carnate ; c’était une sorte de ministre des finances de Dupleix. Il devait savoir bien des choses. Godeheu le fit arrêter, malgré les protestations de l’ex-gouverneur. Les réponses de l’indigène, ses comptes, justifiaient son administration et Dupleix. On le laissa pourrir en prison.

Godeheu, impuissant à ternir la réputation de Dupleix, fit tous ses efforts pour ruiner celui-ci, et il y parvint. Dupleix, on le sait, avait maintes fois avancé de sa bourse propre à Mousafer-Singue et Salabet-Singue de fortes sommes, dont le total présentait un chiffre de treize millions. Le soubab, ne pouvant rendre cet argent, avait donné un gage à son « oncle protecteur » ; il avait affecté les revenus de la province d’Arcate