Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/324

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aussi agréable que j’ai envie de vous la procurer, par des relâches commodes qui rendent le voyage moins pénible.

« Je vous demande donc, Madame, d’être de moitié dans mes bonnes intentions, et je vous prie de faire vos efforts et d’engager M. Dupleix à faire les siens pour que rien ne puisse retarder le départ des vaisseaux au jour indiqué. Je voudrais bien que le poids des affaires que j’ai ici ne fut pas augmenté par celles que me donnerait un accident imprévu et irréparable. J’en ai même assez de mon inquiétude à ce sujet. »

Dupleix ne chercha pas à prolonger son séjour. Il s’embarqua avec sa femme à bord du navire le Duc d’Orléans. Ils partaient avec le chevalier de Kerjean, — réduit à un tel dénûment qu’il avait été obligé d’emprunter six mille roupies à Godeheu, — M. de Saint-Paul, son beau-frère, atteints tous les deux par l’ordre de proscription qui frappait leur parent et ami. « Quoique désappointé dans ses plus chères espérances, quoique ruiné par les manœuvres de Godeheu, quoique en butte à l’hostilité déclarée de ce puissant personnage, il fut accompagné sur le port par les principaux officiers et les employés de le Compagnie, et suivi par tout le peuple. » Le 12 octobre 1754, Dupleix dit pour toujours adieu à ce sol qu’il avait voulu faire français et que la sottise du gouvernement de Louis XV allait livrer sans combat à l’Angleterre.

La nouvelle de la disgrâce de Dupleix impressionna vivement l’Inde et ruina notre autorité. « À quoi pensent les Français ? disaient les nababs ; ils perdent par là leur honneur et leur bien ; nous ne pouvons pas