Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/325

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traiter avec le nouveau gouverneur, qui n’entend pas nos affaires comme Dupleix Bahadour. Sans doute que les Français ne sont ni si puissants ni si généreux qu’ils voulaient nous le faire entendre, et que les Anglais ont absolument le dessus sur eux. Il n’y a donc plus qu’à s’arranger avec ces derniers et Méhémet-Ali. »

Salabet-Singue était atterré : « La nation française, écrivait-il, m’a soutenu et secouru jusqu’à présent. J’ai donné à mon oncle Zafer-Singue le gouvernement du Carnate ; j’ai toujours eu espérance que mon oncle aurait le dessus. C’est avec le dernier chagrin que j’apprends sa révocation. Des messagers envoyés par moi pour lui porter des lettres ont été conduits devant le gouverneur, qui leur a dit : « Déclarez au soubab, votre maître, que je suis envoyé de la part de mon roi, qui m’a défendu de me mêler du gouvernement mongol, qu’il peut se pourvoir comme il plaira. Tout cela prouve que les Anglais ont le dessus. »

Les Anglais l’emportent, c’était le cri de l’Inde entière.

Nos alliés, en véritables Asiatiques adorateurs de la force, nous abandonnèrent l’un après l’autre. Morari-Rao quitta le premier les lignes de blocus établies devant Trichinapaly et partit en hâte sous prétexte d’aller secourir ses possessions ravagées par l’ennemi. Mortiz-Ali, le nabab de Vellore, à qui Dupleix avait donné la lieutenance du Carnate, se renferma dans la ville capitale de son gouvernement, où il attendit les propositions de Méhémet-Ali et des Anglais. Naud-Rajah restait le dernier, avec nos soldats, devant Trichinapaly ; mais il était évident qu’il méditait