Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/332

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prétexte. Les Français, au contraire, avaient les Maïssouriens, les Mahrattes et le soubab du Dékan. Ceux-ci n’avaient aucune connaissance du traité, et il aurait pourtant pour résultat d’imposer la loi anglaise, non-seulement aux Français, mais encore aux princes indiens indépendants ; de forcer Salabet-Singue à accepter pour nabab du Carnate Méhémet-Ali, qu’il avait déclaré rebelle et mis hors la loi ; de contraindre le Maïssour et les Mahrattes à se désister de leurs prétentions sur Trichinapaly. Et ce traité, les Français acceptaient l’obligation de le faire exécuter. »

Le 26 décembre 1754, Godeheu apposa sa signature au bas de la convention et se félicita. Il en avait le droit, puisqu’il avait atteint son but, puisque l’œuvre de Dupleix était renversée !

Pendant que ces événements s’accomplissaient dans l’Inde, Dupleix arrivait en France et débarquait à Lorient. Il y recevait du peuple un accueil qui le touchait. On ne connaissait pas encore tous ses exploits, mais à la veillée, dans le clair-obscur de la chaumière, on avait entendu tomber de la bouche de quelque matelot, de quelque soldat, revenant de l’Inde, des récits de guerre et de conquêtes où Dupleix écrasait les Anglais et asservissait les rois.

L’imagination populaire s’était prise à tout ce merveilleux et ne considérait plus Dupleix qu’à travers le prisme de la légende. Celui-ci était attendri, non grisé de ce triomphe.

« Croiriez-vous que sur la route de Lorient à Paris j’étais obligé de fermer les stores de ma chaise de poste, pour pouvoir m’échapper de la foule ? Dans tous les