Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/43

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ques articles préliminaires qui sont la base de tout :

« Réduire absolument toutes les dépenses de l’Inde à moins de moitié. Suspendre toutes les dépenses des bâtiments et fortifications. »

Et comme pour mettre plus en relief l’absurdité de ce projet de désarmement, on lui annonçait comme presque inévitable l’éventualité d’une guerre entre la France et l’Angleterre. Dupleix éprouva un désappointement amer. Suspendre les travaux de fortification ! la Compagnie y pensait-elle ? Mais l’adoption d’un pareil projet, c’était notre ruine ! Il fallait abandonner les plans de conquête. Et le prix d’un tel sacrifice, ce n’était même pas la paix. Les Anglais nous feraient-ils moins la guerre, parce que nous serions plus faibles ? Ainsi Pondichéry capitulerait ? nous serions chassés de l’Inde ? À ces pensées, Dupleix entrait en fureur. Serait-il le complice dune pareille politique ? Non ! il n’obéirait pas. Et de cette dépêche il ne mettrait à exécution que ce qui avait trait à la réduction des dépenses. Quant aux travaux de fortification, il les pousserait avec plus d’activité que jamais. Il avançait au trésor de la Compagnie cinq cent mille livres, dont il employait une partie aux constructions de défense, l’autre à fournir des cargaisons à deux vaisseaux qu’il expédiait en Europe, avec des lettres où il rendait compte de sa conduite et où il demandait des secours en armes, en munitions, en vivres et en hommes. Dans l’hypothèse d’une guerre avec l’Angleterre, la colonie ne pouvait rester désarmée. Il était de toute nécessité de la mettre en état de prendre l’offensive au début, — la défensive n’ayant jamais sauvé ni les places, ni les peuples,