à l’assemblée, comme pour lui demander avis : qu’il y avait une grande différence entre ce fait de commander des vaisseaux du roi ou de la Compagnie ; que sur les premiers, on doit tout risquer pour la gloire ; que sur les seconds, on doit regarder uniquement au profit ; qu’au reste, la flotte ne pouvait suffire pour la double tâche de combattre l’escadre de Peyton et d’attaquer Madras.
La réponse du conseil fut nette et précise. Après avoir rappelé les tergiversations de l’amiral, le temps perdu, on lui offrait le choix entre l’attaque de Madras ou le combat avec l’escadre. « Nous croyons pouvoir déclarer, disait le conseil, qu’il serait fâcheux, honteux même pour la nation, d’abandonner ces deux moyens pendant que nous avons une certitude morale que le trésor et les vaisseaux que nous attendons d’Europe seront pris par l’escadre ennemie, et qu’il y a une aussi grande certitude que vous réussirez dans l’un des deux. » Cette mise en demeure n’ébranla pas La Bourdonnais. Il osa déclarer que l’ordre manquait de clarté, et que le conseil lui liait les bras en ne lui précisant pas lequel des deux partis il devait mettre à exécution !
Le temps des ménagements était passé. Dupleix réunit le conseil, qui décida immédiatement que MM. d’Esprémenil, Barthélémy et Bruyères se transporteraient au logis de M. de La Bourdonnais « pour le sommer de la part du roi de choisir l’un des deux partis, — l’attaque de Madras ou le combat avec l’escadre, — les seuls que le conseil juge faisables et convenables aux circonstances présentes, à la gloire du roi, à l’honneur de la nation, aux intérêts de la Compagnie, à la force de