Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/68

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son escadre, secondée des secours d’ici, et à la faiblesse de nos ennemis par terre et par mer ; et faute par lui de choisir celui du choix duquel on le laisse le maître, de répondre en son nom propre et privé de tout ce qui pourra arriver par la suite, et des dépenses immenses que son projet sur Madras a occasionnées à la Compagnie. Et si la maladie l’empêche d’agir lui-même, comme il n’y a pas de temps à perdre, le conseil juge M. de la Porte-Barrée, dont la prudence et la capacité sont connues, très-capable d’exécuter celui des partis qu’il choisira. »

Cette injonction augmenta encore l’aigreur et l’irritation de La Bourdonnais, qui répondit avec insolence : « J’ai reçu la citation et son contenu. Je n’ai consulté le conseil que sur l’affaire de Madras. Il n’avait à donner que son avis pour ou contre. Quant à la destination de mon escadre, il n’a aucun droit de s’en mêler. Je sais ce qu’elle doit faire, et mes ordres sont donnés pour qu’elle quitte Pondichéry ce soir, 27 août. » Dupleix eut un moment d’inquiétude. L’escadre allait-elle faire route vers l’île de France ? L’énigmatique silence de La Bourdonnais pouvait faire croire à quelque coup de tête. On apprit enfin que sous le commandement de la Porte-Barrée, la flotte faisait voile vers Madras. Après des manœuvres inhabiles et la capture de deux petits bâtiments, elle revint piteusement à Pondichéry.

À la nouvelle de cet échec, La Bourdonnais eut un mouvement de joie mal dissimulé. L’incapacité de la Porte-Barrée flatta singulièrement la vanité de l’amiral. Il se sentit dès lors nécessaire, indispensable même. Loin d’atténuer les fautes de son lieutenant, il s’attacha