Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/70

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droite, ses eaux vers la mer, tandis que l’autre, fermé à son embouchure par une digue naturelle de pierre et de sable, s’était répandu dans la prairie pour former un étang. C’étaient pour l’assiégé deux bonnes lignes de défense ; on n’en avait pas tiré parti. On avait entièrement abandonné le faux bras ; on s’était contenté d’établir une tête de pont pour s’assurer le passage du Montaron. Ainsi la place, forte par la position, ne l’était pas par l’art ; en forme de rectangle, avec une citadelle au milieu de la ville, Madras avait des murs peu solides, et le fort Saint-Georges, la citadelle, avec ses quatre bastions en mauvais état, ne valait rien.

À une petite distance de la ville, La Bourdonnais fit descendre 600 hommes à terre, s’empara dune pagode, la mit en état de défense, la relia à la mer par des retranchements, et ayant dès lors une base d’opération et un débarcadère commode, il vint jeter l’ancre à quelques kilomètres de la forteresse. Il débarqua aussitôt 1,700 hommes. Il leur fit côtoyer, dans une marche de flanc, les bords de l’étang et traversa le Montaron un peu au-dessus du point de bifurcation des eaux, en face de la maison du gouverneur de Madras. On s’y logea sans grand’peine, après avoir repoussé une sortie de l’assiégé, et l’on construisit dans le jardin deux batterie de mortiers, bien défilées du tir de la place, dont elles foudroyaient un angle dépourvu de feux. L’artillerie éleva une autre batterie entre l’étang et la mer. Le 18, toutes ces pièces ouvrirent un feu violent, pendant que les vaisseaux lâchaient leurs bordées sur la ville. Le 10, les Anglais essayaient d’entraîner des négociations avec La Bourdonnais, qui ne se laissait pas