Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/69

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à les mettre en lumière. Il raillait l’impuissance de la Porte-Barrée et écrivait à Dupleix : « Ces gens-là, quand je ne suis pas à leur tête, sont tout au plus bons à se défendre quand on les attaque ; leur vrai métier, c’est de charger des ballots et de conduire la barque. » Dupleix, avec sa promptitude à saisir l’occasion, voyant ce retour de zèle, s’efforçait par mille caresses et mille attentions de maintenir chez l’envieux marin ce besoin d’action et cette belle humeur, qui éclataient d’une façon si inattendue. Il lui montrait la gloire de l’opération, et faisait si bien que La Bourdonnais oubliait ses griefs imaginaires contre le conseil, et le 12 septembre ordonnait l’appareillage de la flotte. À ce dernier moment, l’amiral, avec la rage de l’idée fixe, revenait encore sur les conditions de rançon à imposer aux Anglais. Dupleix, attristé de cet entêtement, avait beau répéter « que la prise de la forteresse était un moyen d’arriver à l’abaissement de l’ennemi ; que c’était une conquête à faire, et que cette conquête était nécessaire à l’honneur du roi, de la nation, au bien de la Compagnie », La Bourdonnais ne se souciait que de lui-même et ne voulait pas être convaincu.

Une fois en mer, La Bourdonnais reprit toute son énergie et combina le détail de ses opérations avec une rare sûreté de coup d’œil. Madras était bâti sur la plage, dans une petite presqu’île circonscrite par la mer et le Montaron. Cette rivière se divisait à une faible distance de la ville en deux bras, dont l’un se dirigeait perpendiculairement vers l’extrémité nord-ouest de la place, s’inclinait brusquement vers le sud-est, baignait le rempart et précipitait, en ligne presque