Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/73

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nabab. Faites-moi un plan suivi de la façon dont vous voulez que je traite la ville. »

Cependant Dupleix s’occupait d’organiser l’administration dans la cité conquise. Fidèle aux traditions de la Compagnie, qui imposaient la création d’un conseil et la nomination d’un gouverneur dans tout nouvel établissement, il désigna le nombre voulu de conseillers pour former l’assemblée coloniale, dont il confia la présidence à La Bourdonnais. Cet acte purement administratif fit évanouir toutes les bonnes dispositions de l’amiral et le porta aux extrémités les plus violentes. Il se crut outragé. Il ne vit dans l’institution du conseil qu’un empiétement à ses pouvoirs, et dans les conseillers que des espions ; son orgueil l’empêcha de reconnaître qu’il subissait la loi commune, et que Dupleix lui-même avait à côté de lui un conseil. « Quel a été, mon étonnement d’apprendre que vos conseillers font ligue contre moi et tâchent de suborner les chefs de mes troupes et de mes vaisseaux ! Le tout, disent-ils, par ordre de M. Dupleix et pour le faire reconnaître. Sont-ce là des moyens permis ? écrivait-il au gouvernement de Pondichéry, car enfin raisonnons : ou M. Dupleix aie droit de commander dans cette colonie, ou il ne l’a pas. S’il l’a, il fallait me le faire connaître avant de m’embarquer dans cette affaire, afin que je me comportasse comme il convenait. Or, on ne m’a rien dit, et je suis venu comme un homme qui a toute l’autorité. Je me suis engagé en conséquence. Je ne doute point que si j’eusse gardé Madras comme une colonie française, elle n’eût été de votre ressort ; mais puisqu’il n’y a aucun autre gouverneur que celui qui l’a conquis, mon parti est pris, et il