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Page:Hannon - Au pays de Manneken-pis, 1888.djvu/7

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II

 
Aux toits s’encolère le vent,
Lamentable, la girouette
S’endiable, grince, pirouette
Sous le ciel noir qui va pleuvant.

Dans sa robe de pénitente
Là-haut la lune a l’œil mauvais.
Que m’importe ! Je vais, je vais
Les nerfs dolents, la chair contente.

Ton arôme vivace et fort
Dans ma chevelure se joue,
L’âme de tes caresses dort
Sur mes lèvres et sur ma joue.

Au sein des brumes, par la nuit,
Sur mes pas ton bouquet s’étale
Et de ta chair, pulpe et pétale,
Le chœur subodorant me suit.

Chœur qui me grise et me protège
De tous ses esprits parfumés ! —
Dans ces senteurs, tendre cortège,
Je m’avance, les yeux fermés.

Croyant encor, sous le ciel d’encre,
Être blotti dans ton chignon,
Au creux de tes seins, port mignon
Où mes désirs ont jeté l’ancre.


BUVEUSES DE PHOSPHORE

I


 
Je tiens en haine ces mazettes
Courant, le soir, les guilledous,
Se vendant pour des anisettes,
Parlant aigre, mais buvant doux.

Oui, j’ai l’horreur de ces gamines
Aux jeunes instincts malfaisants.
J’abhorre leurs gestes, leurs mines
Déjà perverses, de seize ans !